Romain Gary: La promesse de l’aube et Chien blanc
Nous vous invitons à la présentation de deux romans de Romain Gary, traduits en serbe par Jelena Mitrović, publiés aux éditions Službeni Glasnik.
Participants:
- Milan Vlajčić, critique littéraire et de cinéma
- Gordana Milosavljević Stojanović, (Službeni glasnik)
- Jelena Mitrović, traductrice
- Stanislas Pieret, directeur de l’Institut français de Serbie
Romain Gary, né Roman Kacew à Vilnius en 1914, est élevé par sa mère qui place en lui de grandes espérances, comme il le racontera dans La promesse de l’aube. Pauvre, «cosaque un peu tartare mâtiné de juif», il arrive en France à l’âge de quatorze ans et s’installe avec sa mère à Nice. Après des études de droit, il s’engage dans l’aviation et rejoint le général de Gaulle en 1940. Son premier roman, Éducation européenne, paraît avec succès en 1945 et révèle un grand conteur au style rude et poétique. La même année, il entre au Quai d’Orsay. Grâce à son métier de diplomate, il séjourne à Sofia, New York, Los Angeles, La Paz. En 1948, il publie Le grand vestiaire, et reçoit le prix Goncourt en 1956 pour Les racines du ciel. Consul à Los Angeles, il quitte la diplomatie en 1960, écrit Les oiseaux vont mourir au Pérou (Gloire à nos illustres pionniers) et épouse l’actrice Jean Seberg en 1963. Il fait paraître un roman humoristique, Lady L., se lance dans de vastes sagas : La comédie américaine et Frère Océan, rédige des scénarios et réalise deux films. Peu à peu les romans de Gary laissent percer son angoisse du déclin et de la vieillesse : Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable, Clair de femme. Jean Seberg se donne la mort en 1979. En 1980, Romain Gary fait paraître son dernier roman, Les cerfs-volants, avant de se suicider à Paris en décembre. Il laisse un document posthume où il révèle qu’il se dissimulait sous le nom d’Émile Ajar, auteur d’ouvrages majeurs : Gros-Câlin, La vie devant soi, qui a reçu le prix Goncourt en 1975, Pseudo et L’angoisse du roi Salomon.
La promesse de l’aube est un roman autobiographique. Le narrateur raconte son enfance en Russie, en Pologne puis à Nice, le luxe et la pauvreté qu’il a connus tour à tour, son dur apprentissage d’aviateur, ses aventures de guerre en France, en Angleterre, en Éthiopie, en Syrie, en Afrique Équatoriale, il nous raconte surtout le grand amour que fut sa vie. Cette «promesse de l’aube» que l’auteur a choisie pour titre est une promesse dans les deux sens du mot : promesse que fait la vie au narrateur à travers une mère passionnée ; promesse qu’il fait tacitement à cette mère d’accomplir tout ce qu’elle attend de lui dans l’ordre de l’héroïsme et de la réalisation de lui-même.
Chien blanc est un roman en grande partie inspiré de la vie de Romain Gary à la fin des années 1960. Ce livre est l’occasion pour l’auteur de dénoncer tous les racismes et toutes les hypocrisies. Racisme des blancs envers les noirs, bien sûr, mais aussi racisme en retour des noirs et hypocrisie des blancs (notamment dans le milieu du cinéma) qui ont parfois des raisons bien peu désintéressées de s’associer à la lutte pour la déségrégation. Sur le fonds coloré des événements traumatiques de l’époque (la guerre du Viêt Nam et les événements de mai 68 à Paris), le roman donne l’occasion à Romain Gary de dévoiler un profond humanisme et d’écrire un vibrant plaidoyer contre la bêtise. Il a été adapté au cinéma dans le film Dressé pour tuer réalisé par Samuel Fuller en 1982.
Info
Institut français de Serbie, Belgrade
Knez Mihailova 31Mardi, 30 novembre 2021, 18h
En serbe et en français. Traduction assurée. Entrée libre